Thursday, August 31, 2006

Klaus Filip & Toshimaru Nakamura - Aluk

Parallèlement à la sortie de Between sur Erstwhile (son second duo avec Keith Rowe après Weather Sky en 2001), Toshimaru Nakamura est aussi apparu récemment au sein d'une autre doublette du côté de chez IMJ, le temps d'une collaboration avec Klaus Filip.
Cette confrontation entre le maître de la no-input mixing board et le créateur de
lloopp débouche sur une rencontre improvisée entre sinewaves et intenses feedbacks, dans une série de modulations à la complémentarité exemplaire.
Loin du confinement, loin des univers claustrophobes, le jeu de ces deux musiciens s'est en réalité considérablement affiné et approfondi au fil des années, au point d'offrir une vaste palette de possibilités: des évolutions microcospiques vers des directions insoupçonnées... un superbe disque, qui témoigne par ailleurs du long chemin parcouru depuis les duos entre Toshimaru Nakamura et Sachiko M.
Deux extraits: Stroll et Aluk.

Sunday, August 27, 2006

Gibbons Bros & Co

2006 est une année faste pour Bardo Pond, puisque parallèlement aux arrivées de Ticket Crystals et Sublimation (lire ici), le quintet phare de Psychedelphia se prépare à attaquer un dernier trimestre chargé, avec un EP à paraître dans la série Modern Containment, ainsi qu'un second volet de Cypher Documents (accompagné d'un DVD), auxquels il faut ajouter un disque live sur aRCHIVE et un nouvel album de Prairie Dog Flesh.
Mais cet été, ce sont les side-projects des frères Gibbons qui ont brillé avec pas moins de trois sorties, parmi lesquelles se détache tout particulièrement Alasehir et son Sharing the Sacred (Important Records).
Mis à part un intermède au sitar (Seven Tongues), cet opus s'oriente vers un rock dense où les couches des guitares électriques se superposent, en lévitation comme dans des sphères plus noisy.
Le dynamisme de la batterie se révèle être l'une des clefs de la réussite du disque, et tend à faire oublier une production relativement cheap. A découvrir en images, avec cette chouette vidéo (merci à
arno pour le lien) où le trio est accompagné d'une danseuse... hypnotique.

Un mot rapide sur les deux autres projets, en commençant par une autre sortie chez Important, intitulée A Generation of Vipers et signée Alumbrados. Percussions, sitar, guitares et une dose d'électronique, tels sont les ingrédients de ce disque qui passe progressivement du décor spacieux à l'abondance de boucles diverses et variées. Un extrait ici.

Quant au Joint Chiefs de Vapour Theories, il explore un registre à dominante acoustique (à l'exception de l'électrique et épuré The Medicine of the Third Order). Les frères Gibbons évoluent ainsi dans un répertoire beaucoup plus posé... tabla paisible sur Blood Sacrifice (for JD) ou duo de guitares acoustiques sur Deliquium, titre où les séquences s'entremêlent et se répètent sur une vingtaine de minutes... un aperçu, ici.

Saturday, August 19, 2006

MF Doom, J Dilla & Ghostface Killah

Petit retour sur trois sorties plus ou moins liées...
On commence par un flash-back vers le mois de janvier dernier et une belle initiative du label Nature Sounds: Metal Fingers Presents: Special Herbs The Box Set Vol 0-9, coffret 3CD qui regroupe les dix volumes des Special Herbs de MF Doom (parus par paires entre 2002 et 2005).
Ce menu gargantuesque (plus de 80 titres, dont dix sont tirés du répertoire KMD) se pose en rétrospective des ateliers instrumentaux de MF Doom: funk, jazz, soul, univers cartoonesque et un don pour rendre n'importe quelle kitscherie eighties tout à fait attachante, sont autant d'éléments qui figurent au premier plan de ce repas dépassant les 3h.
Un festin qui devrait combler l'appétit des amateurs de Viktor Vaughn, King Geedorah, Zev Luv X... en somme, tout le panel de Daniel Dumile.
Autre album instrumental, sorti en février chez Stones Throw: Donuts, signé du regretté J Dilla.
Là aussi, une bonne dose de soul élégante et des beats impeccables sont au rendez-vous d'un parcours mené tambour battant: ses 31 pistes pesées et emballées en 3/4 d'heure le hissent au rang des très bons épisodes rap de cette année.
Des extraits (dont un tiré de The Shining, récente sortie posthume sur BBE) sont à écouter sur
MySpace.
Des Special Herbs et des Donuts, on en retrouve en quantité sur le Fishscale de Ghostface Killah, un très chouette disque si l'on veut bien lui pardonner ses quelques grossiers écarts (Back Like That, Momma, Three Bricks... à skipper).
Car ailleurs, cet album nous fait profiter de son casting de rêve (Doom, Dilla, Pete Rock, Raekwon et le reste du Wu-Tang...), avec un léger brin de nostalgie, mais sans passéisme. Ghosface et MF Doom que l'on devrait retrouver en février 2007 pour une collaboration intitulée Swift & Changeable (Nature Sounds & Lex).
Un
morceau figure d'ailleurs sur la compilation Natural Selection (Nature Sounds).

Tuesday, August 15, 2006

Sir Richard Bishop & Sun City Girls



Pour débuter le programme du jour, attaquons par un coup de projecteur sur Sir Richard Bishop... un éclairage sous deux jours bien distincts.
Paru dans la série Latitudes en février dernier, Fingering the Devil suit la lignée de Salvador Kali et Improvika: du fingerpicking aux influences multiples (blues, jazz manouche, couleurs ibériques ou nord africaines...) qu'il développe dans un style affûté, le temps de neuf titres ouverts à l'improvisation.
En guise de mise en bouche, une vidéo de Abydos, le titre d'ouverture de Fingering the Devil:

  • Plus de détails sur cet album dans cette chronique.
  • Une série d'extraits à écouter ici.
  • D'autres vidéos de Richard Bishop (et des Sun City Girls) sont disponibles sur YouTube.
Un peu plus récemment, le label chicagoan Locust a accueilli une toute autre initiative signée Richard Bishop, avec Elektronika Demonika, qui traînait dans les cartons depuis 1998. Pas la moindre note de guitare ici, mais quarante minutes de bidouilles électroniques et autres triturages radios...
L'ensemble est plutôt réussi, avec même quelques très bonnes phases, dans un esprit qui flirte avec l'ambient et les paysages hantés. Une sélection d'extraits, par ici.

Un mot enfin sur les récentes sorties des Sun City Girls... Passons assez rapidement sur Static from the Outside Set (une session radio plutôt destinée aux hardcore fans) et sur un Live Room (paru dans la série Modern Containment de Threelobed) qui comblera surtout les aficionados des tirades de l'Uncle Jim, pour se diriger vers Djinn Funnel (sur Nashazphone), un florilège de titres enregistrés sur la période 1999-2001 qui renoue quelque peu avec l'esprit aventurier et épique du légendaire 330,003 Cross Dressers from Beyond the Rig Veda. Un titre en écoute: Nites of Malta.

Saturday, August 12, 2006

Af Ursin & Volcano the Bear

Dans la série bel objet, beau contenu, voici Aura Legato de Af Ursin, LP paru il y a quelques mois sur le label La Scie Dorée.Derrière ce pseudonyme se cache Timo Van Luijk, probablement plus connu pour ses participations du côté de Mirror (Christoph Heeman, Andrew Chalk...). Son projet solo s’appuie sur une instrumentation élargie (percussions, cuivres, claviers… de nombreuses possibilités, comme en témoignent ces quelques photos) et déploie des drones sur lesquels viennent se fixer des mélodies distantes et des boucles cristallines.
Une formule somme toute assez classique, mais Aura Legato parvient à sortir du lot grâce à sa diversité et son caractère évolutif… d’autant qu’il n’est parfois pas sans évoquer certaines ambiances voisines de Volcano the Bear.
Car si la première moitié de la face B rappelle inévitablement Guess the Birds (un 10" de VTB paru sur Beta-Lactam Ring en 2002), c’est surtout par ce goût prononcé pour les périples en apesanteur que Af Ursin se rapproche du quartet anglais.
C’est l’occasion, au passage, de recommander Classic Erasmus Fusion, double album qui réunit les (très) nombreux visages de Volcano the Bear et qui bénéficie d’une production impeccable… plus de détails dans cette chronique.
Trois extraits de Aura Legato sont disponibles chez Second Layer, et de nombreux autres de Classic Erasmus Fusion sont en écoute ici.

Sunday, August 06, 2006

We want... a shrubbery! (Episode 1)

"O Knights of Ni, you are just and fair, and we will return with a shrubbery." (Arthur, King of the Britons)

Ainsi fut baptisée la section archives du Castle Anthrax, inaugurée aujourd’hui avec The Hands of Caravaggio (Erstwhile, 2002), fruit de la collaboration entre John Tilbury et MIMEO (Music In Movement Electronic Orchestra). Qu’il s’agisse de l’artwork de Points & Slashes (inspiré du travail de Lucio Fontana) ou des nombreuses pochettes reprenant des tableaux de Keith Rowe lui-même, le catalogue du label new-yorkais Erstwhile n’a jamais caché la relation étroite qu’il entretenait avec la peinture.
En mai 2001 à Bologne, une toile de Caravage se retrouva même au centre des débats: L’Arrestation du Christ et son célèbre clair-obscur que Keith Rowe visualise d’ailleurs comme l’un de ces flagrants délits publié en Une de tabloïd, fasciné par la position des mains de Jésus, de Judas, des soldats... et de l’homme à la lampe (sur la droite), dont on dit d’ailleurs qu’il s’agirait d’un autoportrait de Caravage. Cette source lumineuse qui vaudra d’ailleurs une analogie avec certains travaux de Jérôme Noetinger (Cellule d’Intervention Metamkine, Le Cube...).

"In one second you guys can eliminate me once and for all." (John Tilbury)
"Less than a second." (Jérôme Noetinger)
"On est treize à table, en 5-3-3 avec deux gardiens et sans Robert Pirès: une vraie dream team." (Raymond Domenech)

Au centre, le pianiste d’AMM évolue sur un terrain rendu instable par Cor Fuhler (inside piano) et se confronte à une armada électronique : confrontation des époques, confrontation entre le piano et des technologies contemporaines, une rencontre qui s’intègre dans la longue tradition du concerto. Tout a déjà été dit sur la richesse de cet album, sur son fourmillement de détails, sur la force de ses contrastes, sur la profondeur des interactions entre les différents membres de l’orchestre, sur cette apparente complexité d’où émerge une vision évidente, sur la pureté et sur l’ampleur du son (l’enregistrement est signé Dean Roberts, Marcus Schmickler et Renato Rinaldi)... autant d’éléments qui font de chaque écoute de The Hands of Caravaggio, une nouvelle découverte. Un point qui ne s’est d’ailleurs toujours pas démenti, quatre ans après sa sortie.
  • De nombreuses chroniques, un essai sur l’Histoire du concerto ainsi que des extraits sont disponibles sur le site du label Erstwhile Records.
  • Quelques détails sur L’Arrestation du Christ, toile retrouvée à Dublin en 1990 chez des Jésuites... et un récent article qui rappelle que Caravage n’a décidément pas fini de faire parler de lui.

Tuesday, August 01, 2006

Bardo Pond - Ticket Crystals & Sublimation

Partiellement dévoilé lors d’une Peel Session (2004), puis longuement retardé, Ticket Crystals présente finalement un Bardo Pond de retour avec ses références classiques: entrelacements des guitares, chevauchement entre rythmes dynamiques, nappes de flûte traversière, voix et quelques bribes de violon, le tout traversant des atmosphères tantôt rageuses, tantôt apaisées.
Quand il n’est pas à l’assaut des grands espaces sur lesquels il a bâti toute sa réputation (comme par exemple sur l’ouverture du disque, avec Christina Madonia/Carter en invitée), le quintet renoue ainsi avec ces petites pistes intermédiaires (Lost World, où le groupe est accompagné par Tom Greenwood, le gourou de Jackie-O Motherfucker) comme l’on pouvait en croiser sur Amanita.

Et si l’on ne s’attarde pas trop sur la reprise des Beatles (Cry Baby Cry, pas mauvaise mais pas vraiment à sa place), on se dirige alors vers la véritable surprise de l’album avec le titre FC II, pari relativement osé d’adjoindre une section rythmique dub autour des composantes habituelles… pour un résultat franchement réussi.
Une vidéo de Destroying Angel, capturée lors du Terrastock 6 en avril dernier:

A l’occasion de ce festival, Threelobed avait par ailleurs sorti une compilation intitulée Sublimation, réunissant Bardo Pond et quelques-uns de ses satellites: un titre signé Clint Takeda, noisy, rempli d’effets de guitares et ponctué de samples d’Alan Watts, un morceau de Dechemia (Isobel Sollenberger & John Gibbons) ainsi qu’une piste de 500mg, le projet solo de Michael Gibbons. Ce dernier fera d’ailleurs son come-back avant la fin de l’année avec un nouvel album, successeur du réussi Vertical Approach (Eclipse, 2004). D'ici là, un extrait de Descent, par 500mg.