Saturday, December 30, 2006

Olivia Block - Heave To

Le son des vagues turbulentes, des courants tourbillonnants, des grincements du bois, des textures craquantes, des fracas métalliques et de l'écume bouillonnante: Heave To, dernière production en date d'Olivia Block (et vraisemblablement sa plus solide à ce jour) nous plonge dans un univers aquatique tourmenté.
Dans un cadre ambient, jamais lisse, jamais inoffensif, l'album mélange électronique détaillée, field-recordings, nappes profondes et toute une série d'incursions de cordes, de cuivres, de clarinette et de hautbois (avec la participation de Kyle Bruckmann (EKG)). Quelques extraits en écoute ici.



Tuesday, December 26, 2006

Quoi de neuf ?


Quelques news, plus ou moins fraîches:
  • Après New England (5LP, avec Prurient, Can't...) et California (10LP, avec Joe Colley, The Skaters, John Wiese, The Cherry Point, Yellow Swans...), RRRecords sort de nouvelles compilations: Portland (3LP, avec Smegma, Daniel Menche...) et Texas (3LP, avec Concrete Violin, Steel Hook Prostheses...). Côté Michigan (Aaron Dilloway, Hive Mind, Wolf Eyes, Mammal...), on semble toujours en travaux...
  • Le Daze on the Mounts de Dredd Foole sera réédité le 23 janvier par Family Vineyard. Et parmi les sorties à venir: Forbidden Fruit de Loren Connors et Simitu, le second album de Cold Bleak Heat (Paul Flaherty, Chris Corsano, Greg Kelley et Matt Heyner du NNCK).
  • Bardo Pond aura une année 2007 chargée: outre Cypher Documents II (CD+DVD), des albums de Prairie Dog Flesh, Clint Takeda et 500mg sont attendus chez Threelobed, auxquels il faut ajouter un disque de Baikal (John Gibbons, Michael Gibbons, Clint Takeda and Jason Kourkonis - le 27 février chez Important) et un nouvel opus signé Alasehir (sur aRCHIVE).
  • Après ceux de Satwa et de Marconi Notaro, Time-Lag va rééditer l'album Rosa de Sangue de Lula Côrtes.
  • Mick Flower (Vibracathedral Orchestra) et Chris Corsano ont sorti un disque en duo, The Radiant Mirror, sur le label parisien Textile.
  • Daniel Padden sort deux albums: The Isaac Storm sur Ultra Eczema et Wayward the Fourth chez Secret Eye (The One Ensemble of Daniel Padden est désormais baptisé The One Ensemble). Extraits: Smok et Berlinda.
  • Le label Dust-to-Digital (où l'on trouve les coffrets Goodbye, Babylon et Fonotone Records...) a ajouté plusieurs références à son catalogue: How Low Can You Go? (Anthology of the String Bass 1925-1941), Desperate Man Blues (l'histoire de Joe Bussard), I Belong to this Band (Sacred Harp recordings) et Art of Field Recording (par Art Rosenbaum). Infos et extraits sur le site du label.
...mais à part ça, tout va très bien.

Saturday, December 23, 2006

Anal Magic & Rev. Dwight Frizzell

Aujourd'hui, un détour dans la section archives, avec le "Beyond the Black Crack" d'Anal Magic & Reverend Dwight Frizzell.
Que se cache-t'il derrière ce disque enregistré entre 1974 et 1976, derrière ces pistes liées à un étrange cérémonial ("tracks 1-9 were originally released to commemorate the First Annual End of the World Celebration, November 18th, 1976") et derrière le Reverend Dwight Frizzell et son obscur cursus ("musician, film maker, Doctor of Metaphysics and minister in the Universal Church of Life")?

Beaucoup de questions auxquelles on pourrait répondre "un beau bordel", tant cet album et ses intervenants demeurent plutôt inclassables: collages de field-recordings, oscillation entre brass band déglingué et free-jazz tendance Ayler / Sun Ra (voire un petit côté Coltrane en fin de vie, lorsque le sax emprunte des routes accidentées), manipulations de bandes, percussions éparses ou à la densité plus tribale, électronique exubérante (là aussi un parallèle avec le moog comme l'on peut l'entendre chez Sun Ra... et finalement, pour prendre une référence plus actuelle, on se trouve parfois dans une veine assez proche de ce que Ståle Storløkken a pu délivrer au sein de Supersilent ces derniers temps).

Ca fait beaucoup et il faudrait encore mentionner ces instants chaotiques et ces moments de lévitation, car c'est aussi pour ces raisons que Anal Magic & Rev Dwight Frizzell s'est imposé comme l'une des références les plus bizarres de la fameuse NWW List. Morceaux choisis, à écouter par ici.

Inialement pressé à 200 copies par Cavern Custom (1976), "Beyond the Black Crack" (avec de nombreux et excellents bonus, ainsi que des liner notes très complètes) est régulièrement réédité depuis 1998 par Paradigm... qui a d'ailleurs réédité d'autres groupes de la NWW List, comme les impeccables albums de Brast Burn et Karuna Khyal, joyaux du psych-rock japonais des 70s (et dont j'aurai sûrement l'occasion de reparler un de ces jours). Ces disques sont disponibles directement chez Paradigm ou via Metamkine.

  • Quelques photos signées Seth Tisue, au DeStijl/Freedom From Festival 2003.

Wednesday, December 20, 2006

Tops 2006

Evidemment, beaucoup de disques déjà mentionnés ici au cours des derniers mois (j'ai essayé de commenter un minimum, histoire de situer un peu... et souvent en reprenant ce que j'avais déjà pu dire dans l'année).

  • Albums:

01. Nmperign & Jason Lescalleet - Love Me Two Times (Intransitive)
Six ans d'attente pour ce Love Me Two Times (nom de code: LM2X), nouvelle collaboration entre Jason Lescalleet et Nmperign (Greg Kelley & Bhob Rainey). Ce projet, c'est tout d'abord une richesse démesurée dans la recherche sur le son comme dans les formes abordées: un disque extrêmement ambitieux où la trompette, le saxophone et les tape loops s'attaquent aussi bien aux registres du noise, du drone et de l'improv. Dans l'oppression comme dans la plénitude, c'est impressionnant.

02. Klaus Filip & Toshimaru Nakamura - Aluk (IMJ)
Cette confrontation entre le maître de la no-input mixing board et le créateur de lloopp débouche sur une rencontre improvisée entre sinewaves et intenses feedbacks, dans une série de modulations à la complémentarité exemplaire. Loin du confinement, loin des univers claustrophobes, le jeu de ces deux musiciens s'est en réalité considérablement affiné et approfondi au fil des années, au point d'offrir une vaste palette de possibilités: des évolutions microcospiques vers des directions insoupçonnées... un superbe disque, qui témoigne par ailleurs du long chemin parcouru depuis les duos entre Toshimaru Nakamura et Sachiko M.

03. J Dilla - Donuts (Stones Throw)
On aura beaucoup parlé de lui cette année, pour de tristes raisons, mais aussi pour de plus heureuses: outre The Shining, Jay Dee a aussi livré ces 31 instrus qui respirent la passion pour la musique. Ces Donuts, que l'on a d'ailleurs pu croiser ailleurs dans l'année (chez Ghostface ou chez les Roots), traversent les styles et les époques avec une aisance déconcertante. Beaucoup de magie là dedans...

04. Kommando Raumschiff Zitrone - First Time Ever I Saw Your Face (Quincunx)
Première sortie sur ce jeune label anglais, où l'on retrouve Kai Fagaschinski et Christof Kurzmann réunis sous le patronyme Kommando Raumschiff Zitrone. Ce First Time Ever I Saw Your Face permet de renouer avec plusieurs composantes déjà rencontrées dans certains de leurs projets: la cohabitation entre lloopp et la clarinette évoque Los Glissandinos (le duo Kai Fagaschinski et Klaus Filip), tandis que l'attachement à la voix et les traces de pop rappellent certaines explorations entreprises par Schnee (le duo Christof Kurzmann et Burkhard Stangl), et où les battements, les crépitements, les soupirs, les silences coexistent avec des phases plus mélodieuses.

05. David Lacey, Paul Vogel & Mark Wastell - Live Concert from the I-and-E Festival (Confront)
Une impeccable prestation enregistrée en avril 2006, où la clarinette et la cymbale semblent se prolonger et se compléter à l'infini.

06. Volcano the Bear - Classic Erasmus Fusion (Beta-Lactam Ring)
Aux côtés de The Idea of Wood, Guess the Birds et 500 Boy Piano, ce double album se pose parmi leurs plus grandes réussites: goût du voyage, influences multiples, du free-jazz au krautrock en passant par les marathons façon Taj Mahal Travellers... avec un discours parfaitement fluide.

07. Lionel Marchetti - Red Dust (Crouton)
Trois 3" en compagnie d'un maître de la musique concrète.

08. Om - Conference of the Birds (Holy Mountain)
La section rythmique de Sleep (Chris Hakius à la batterie, Al Cisneros à la basse) poursuit ses inlassables variations, bercées par un étrange caractère mystique. Avec une excellente production signée Billy Anderson (Asva, Ramesses, Neurosis...).

09. Phill Niblock - Touch Three (Touch)
3h30 avec le dronemeister: puissance, maîtrise et charisme sont au menu de ces neuf pistes, chacune d'elles étant centrées sur un interprète et son instrument (Franz Hautzinger et sa trompette, Julia Eckhardt et son violon ou encore Ulrich Krieger et son saxophone... qui, au passage, reprend un thème de Charlie Parker le temps d'un titre).

10. Will Guthrie - Body and Limbs Still Look to Light (Cathnor)
Les nantais le connaissent probablement par le biais d'Antboy, l'australien délivre ici un cocktail de métal rouillé, d'objets trouvés et d'interférences radio. Signé sur un tout jeune label lancé cette année.

11. Wolf Eyes & Anthony Braxton - Black Vomit (Victo)
Enregistré lors du FIMAV 2005 et sorti ici avec un rendu nettement supérieur au bootleg qui avait suivi, cette collaboration voit le saxophone d'Anthony Braxton survoler un magma tantôt stagnant, tantôt en fusion.

12. Flaherty / Corsano - The Beloved Music (Family Vineyard)
Après avoir enchaîné les collaborations entre 2001 et 2005, Paul Flaherty et l'omniprésent Chris Corsano ont élevé leur nombre de sorties en duo durant ces deux dernières années... et signent tout particulièrement cet album de haute volée. A l'instar du Solar Fire Trio mentionné un peu plus bas, il s'agit d'un free-jazz bouillant, débordant d'enthousiasme.

13. Maggoted – S/T (Jyrk)
Pas mal de bonnes sorties du côté de chez Jyrk cette année... Je retiens ce CDR de Maggoted (Pete Swanson des Yellow Swans & Robert Mayson des Grey Daturas), qui rappelle au bon souvenir des évolutions de Yamashirube ou à l'aspect parasité des Skaters: une sorte de sonar lointain, de grondement souterrain qui mute en courants particulièrement intenses, dans une atmosphère dark et légèrement noisy.

14. Jakob Olausson - Moonlight Farm (De Stijl)
Folk cabossé en provenance de Malmö, avec une orientation lo-fi et une recherche sur l'espace et les saturations bien dosées.

15. Charalambides – A Vintage Burden (Kranky)
En marge des excellents CDR d'archives sortis dans l'année, Charalambides est revenu au duo Tom & Christina Carter, avec A Vintage Burden: un disque aux accents blues qui renoue avec la période Union / Market Square / Historic 6th Ward / Houston.

16. Wooden Wand and the Vanishing Voice - Gipsy Freedom (5RC)
Du blues, du rock, de la pop et du jazz sauce ESP-Disk (avec la participation de Daniel Carter), Wooden Wand & the Vanishing Voice signe l'un de ses disques les plus complets... L'incontournable Pete Nolan est aussi de la partie (Magik Markers, Spectre Folk, GHQ...).

17. The Contest of Pleasures – Albi Days (Potlatch)
Une série de dialogues minutieux entre John Butcher (sax), Xavier Charles (clarinette) et le magique Axel Dörner (trompette).

18. Six Organs of Admittance - The Sun Awakens (Drag City)
Ben Chasny poursuit sa route sans réel faux pas et offre un condensé de ses multiples visages au cours de folksongs déclinées en acoustique comme en électrique, sur fond de drones ou de rythmiques percutantes... et avec une cascade d'invités sur le grand raid final (en provenance de Comets on Fire, Grouper, Om, Yellow Swans, Fucking Champs).

19. Steffen Basho-Junghans – Last Days of the Dragons (Locust)
Guitariste prolifique ayant opéré dans des registres relativement variés (y compris dans des directions plus expérimentales ou plus abstraites), Steffen Basho-Junghans revient ici très nettement dans un secteur Takoma, clair et dynamique.

20. Solar Fire Trio – S/T (Invada)
Deux saxophones sous influence Brötzmann, une batterie sous influence Bennink et l'on peut dire que ce trio originaire de Liverpool (Dickaty / Jackson / Belger) porte bien son nom: du free-jazz brûlant.

21. Bardo Pond – Ticket Crystals (ATP)
Longue attente pour cet album dont les premières pistes avaient été dévoilées lors d'une Peel Session en 2004. Avec quelques invités ponctuels (Christina Carter, Tom Greenwood), Bardo Pond poursuit sur sa lancée: ses guitares entrelacées, les rafales de sa section rythmique et une Isobel Sollenberger envoûtante... et une belle surprise avec FCII et ses accents dub.

22. Af Ursin – Aura Legato (La Scie Dorée)
Signé Timo Van Luijk, un bel album de boucles, de drones et de mélodies lointaines à base de percussions, cuivres, claviers...

23. Jason Lescalleet - The Pilgrim (Glistening Examples)
CD+LP, où Jason Lescalleet rend hommage à son père, disparu en 2005. Une expérience à part...

24. EKG & Giuseppe Ielasi - Group (Formed)
Collaboration à base de guitare, hautbois, électronique et cuivres entre le duo chicagoan et le quasi-milanais. Pureté du son, lignes esthétiques racées et goût pour les décors ascétiques.

25. Heavy Winged - Hunting the Moon (Ruralfaune)
Ce trio originaire de Brooklyn aura eu une existence éphémère, mais il laisse quelques bons disques derrière lui, parmi lesquels ce Hunting the Moon sorti sur un jeune label CDR basé à Angers: Ruralfaune. Rencontres improvisées entre guitare, basse et batterie... autant dans le noisy que dans l'entraînant.

26. Sir Richard Bishop - Fingering the Devil (Latitudes)
Parallèlement à sa carrière chez les Sun City Girls, Richard Bishop poursuit ses escapades solo à la guitare acoustique... dans des couleurs toujours aussi variées (jazz manouche, blues, musiques ibériques ou nord africaines...).

27. Mammal - Let Me Die (Animal Disguise)
Pensez noise tendance marteau-piqueur/imprimante à aiguilles, avec une affinité pour les beats parasités, et vous aurez une bonne idée de la musique de Gary Beauvais. Le fait qu'il soit basé à Detroit tendrait à le rapprocher d'une forme de techno... mais dans une vision particulièrement austère et léthargique.

28. Fursaxa - Myriad of Satyrids (Self Released)
Une de ses plus grandes réussites en CDR: boucles de voix, drones légers, cordes, percussions accumulées dans des progressions maîtrisées, toujours avec ce style très singulier, mélange de rituel sacré et de folk forestier.

29. Hervé Boghossian (w/ John Tilbury & Mark Wastell) - Archi.Texture Vol.1 (Cathnor)
Hervé Boghossian se livre à des assemblages entre le piano de John Tilbury et le violoncelle de Mark Wastell: un dialogue entre des résonances austères, volumineuses et un drone qui fait figure de lueur scintillante.

30. Kyrgyz - Kyrgyz (Digitalis)
Un quartet où l'on retrouve de nombreuses composantes bien connues, en compagnie de Tom Carter (Charalambides), Robert Horton (touche-à-tout et figure immanquable des labels CDR ces dernières années) et l'univers Jewelled Antler (avec Loren Chasse et Christine Boepple): drones, collages, expérimentations lo-fi et aventures entraînantes. Un disque qui va au delà de la simple addition de ces quatre musiciens.

31. James Blackshaw - O True Believers (Important)
Du folk takomesque, un jeu très aéré et lumineux, tels sont les principaux aspects de la musique de James Blackshaw, jeune guitariste anglais qui, en 2006, a confirmé une année 2005 déjà très réussie (son album live sorti il y a quelques mois sur Kning Disk, contient quelques-uns de ses meilleurs titres... un excellent moyen de le découvrir).

32. Daniel Menche – Creatures of Cadence (Longbox/Crouton)
Le cataloguer dans un registre harsh-noise ultrabourrin serait assez réducteur, car Daniel Menche officie ici dans un climat plus apaisé: drones et pulsations autour d'une instrumentation à base de violoncelle, de cithare et d'une bonne dose de percussions... et un côté assez tribal.

33. Giuseppe Ielasi – S/T (Häpna)
Album assez inattendu dans la discographie de l'italien: riche instrumentation et progressions imprégnées par le dub et l'ambient.

34. Yamashirube - Yuki-Onna Ni Ai Ni I Ku (Subjective Spirit Sound)
Sur la base d'un blues défoncé et de beats monotones et éraflés, Hide Uchida greffe à sa guitare un ensemble de mbira, bol chantant, percussions... un étrange sonar lo-fi.

35. Tetsuya Umeda – Ocket (IMJ)
Montages à base de ventilateurs et de haut-parleurs, manipulations de métaux et de verre au programme de cet album de Tetsuya Umeda, artiste originaire de Osaka. Parfois assez proche des field-recordings du Scenery of Decalcomania de Toshiya Tsunoda.

36. M.S. Waldron, Steven Stapleton, Berg Sigmarsson, Jim Haynes, Faulhaber - The Sleeping Moustache (Helen Scarsdale Agency)
Une dream team sur Helen Scarsdale Agency, inévitablement portée par les influences de Nurse with Wound, dans une ambiance obscure de patchwork surréaliste.

37. Aaron Dilloway – Asset Stripping (Hanson / Chondritic Sound)
Noise avec nombreuses ruptures... sur une grosse base de samples en provenance des New Blockaders.

38. Sun City Girls - Djinn Funnel (Nashazphone)
Florilège de titres enregistrés sur la période 1999-2001 qui renoue quelque peu avec l'esprit aventurier et épique du légendaire 330,003 Cross Dressers from Beyond the Rig Veda.

39. Sanjah - Musen/Izu (PSF)
Un superpowertrio comme seul PSF peut en présenter: Kan Mikami, Masayoshi Urabe, Toshi Ishizuka. Fantasque, explosif, généreux.

40. GHQ – Heavy Elements (Threelobed)
Cette formation où l'on retrouve notamment Marcia Bassett (Double Leopards, Hototogisu, Zaimph, Zaika...) et Pete Nolan (Magik Markers, Spectre Folk...) avait déjà montré l'an passé avec son excellent "Hea", ses capacités à mêler drone, noise et ragas. Belle récidive sur ce disque.

41. Herb Diamante - May I Light Your Cigarette ? (Abduction)
John Godbert a déjà officié aux côtés de Skullflower, Sunburned Hand of the Man, Smegma et du Vibracathedral Orchestra, mais sous le pseudonyme de Herb Diamante, il joue la carte du crooner sur fond de retro-pop décalée et de génériques 60s.

42. Dream/Aktion Unit - Blood Shadow Rampage (Volcanic Tongue)
Le premier disque de ce collectif free au line-up variable. On y retrouve ici Thurston Moore, Paul Flaherty, Chris Corsano, Heather Leigh Murray (ex-Charalambides, Taurpis Tula...), Matt Heyner (NNCK, Cold Bleak Heat...).

43. Sunn O))) & Boris – Altar (Southern Lord)
Collaboration de poids lourds: Sunn O))), Boris et quelques guests du cru (Joe Preston, Rex Ritter, Dylan Carlson, Steve Moore...). Mais cet album ne s'arrête pas là, en passant aussi par le folk hanté et noir, en compagnie de Jesse Sykes et de deux de ses partenaires du Sweet Hereafter.

44. Polwechsel - Archives of the North (HatHut)
Suite au départ de Burkhard Stangl, le trio Moser / Butcher / Dafeldecker a été rejoint par deux maîtres des percussions: Burkhard Beins et Martin Brandlmayr. Entre EAI et références plus "classiques" (Moser est l'auteur de trois des cinq pièces de l'album...), le quintet offre un florilège de ses qualités d'orfèvre du son: la pureté des cymbales fouettées, la netteté des résonances, la haute définition des textures, l'austérité des ambiances...

45. Ghostface Killah - Fishscale (Def Jam)
Un disque qui doit beaucoup à Pete Rock, J Dilla ou au recyclage des Special Herbs de MF Doom... et si l'on veut bien lui pardonner les quelques horreurs qu'il contient, on tient alors de sacrés moments de rap.

46. [N:Q] - November Quebec (Esquilo)
Improvisations à base de radios et d'électronique, avec ce quartet composé de Keith Rowe, Will Guthrie, Julien Ottavi et Manu Leduc.

47. Jack Rose - S/T (aRCHIVE)
Jack Rose récite ses gammes dans ce disque qui sent bon le Delta Blues... sans oublier les standards du genre (Dark was the Night...).

48. Astral Blessing - S/T (Mad Monk)
Sur le label de James Toth (Wooden Wand), cette formation où l'on retrouve notamment Paul Labrecque & Valerie Webb (Sunburned Hand of the Man), déploie de chouettes riffs, bien relayés par la section rythmique.

49. Joe Panzner - Polished Rocks (Gameboy)
Joe Panzner (moitié de Scenic Railroads, son duo avec Mike Shiflet) rassemble granulations minimales, souffles puissants et textures hyperdétaillées.

50. Skygreen Leopards - Disciples of California (Jagjaguwar)
Glenn Donaldson et Donovan Quinn (deux des fondateurs du collectif Jewelled Antler) accentuent leurs traits pop tout en restant attachés au folk californien des 60s. Superbe guitare et basse sautillante.



  • Top 10 rééditions (et assimilés) dans le désordre:
Birchville Cat Motel – Our Love Will Destroy the World (Pseudo Arcana)
Réédition + bonus de ce disque de BCM plutôt rock.

Broadcast – The Future Crayon (Warp)
B-sides et raretés au programme de cette rétrospective... et si c'était là le meilleur de Broadcast ?

Can – Delay 1968 (Mute / Spoon)
Les tout débuts de Can... remasterisés.

Ike Yard – 1980-82 Collected (Acute)
Une nouvelle excellente réédition en provenance de chez Acute, consacrée à ce groupe new-yorkais passé par Factory.

MF Doom – Special Herbs Boxset vol 0-9 (Nature Sounds)
Un coffret compilant les Special Herbs de MF Doom, ce laboratoire dans lequel se sont nourris ses différents avatars (Viktor Vaughn, King Geedorah...) et les autres (Ghostface Killah encore cette année). Le troisième disque nous ramène quant à lui à la belle époque de KMD.

Sheriff Lindo & The Hammer – Ten Dubs that Shook the World (EM)
Du grand dub bourré d'effets, signé Anthony Maher (Loop Orchestra) durant les 80s.

Sun Ra – What Planet is This ? (Leo)
En réalité, il ne s'agit pas d'une réédition, mais d'un superbe double live enregistré en 73 et sorti cette année... un peu trop hors catégorie pour figurer dans mon top 50.

Sunburned Hand of the Man - Sopra L'influsso (Manhand)
Réédition en CD+DVD. De très bons formats courts.

The Legendary Stardust Cowboy – Paralized!! : His Vintage Recordings 1968-1981 (EM)
A la rencontre d'un outsider délirant.

VA - Big Apple Rappin' (Soul Jazz)
Retour vers les racines du rap new-yorkais.


  • Top 10 concerts dans le désordre (euh... top ATP, en fait):
Aaron Dilloway
Alexander Tucker
Bardo Pond
Brötzmann / Bennink
Corsano / Flaherty / Yeh
Fursaxa
MV/EE & The Bummer Road
No-Neck Blues Band
Taurpis Tula
The New Blockaders & The Haters


  • Et cette année, soyons fous, je tente un top 15 singles. Ouais.
01. Motor – Yak (Mute)
02. The Roots – Don't Feel Right feat Maimouna Youssef (Def Jam)
03. Acid Reign – Acid Hip Hop feat Ellay Khule (Alpha Pup)
04. Ghostface Killah – R.A.G.U feat Raekwon (Def Jam)
05. J Dilla – Two Can Win (Stones Throw)
06. Herb Diamante – A Delicate Stiletto (Abduction)
07. Porest – Eye of the Leopard (Abduction)
08. Stereolab – Eye of the Volcano (Too Pure)
09. Wolf Eyes – The Driller (Sub Pop)
10. Masta Killa - Ringing Bells (Nature Sounds)
11. Excepter – Second Chances (5RC)
12. Skygreen Leopards – Egyptian Circus (Jagjaguwar)
13. Mr Nogatco – Night Flyer (Force Field) (Insomniac)
14. Glue – In Between Her (Fat Beats)
15. Dälek – Maintain (Ad Noiseam)

Tuesday, December 19, 2006

GHQ

Formation où l'on retrouve notamment Marcia Bassett (Double Leopards, Hototogisu, Zaika, Zaimph, Un...) et Pete Nolan (Magik Markers, Spectre Folk... et maintes fois collaborateur de WWVV), GHQ s'est montré particulièrement actif cette année. De Cosmology of Eye (Time-Lag) à Heavy Elements (Threelobed), en passant par La Poesia Visiva (Heavy Blossom), ce groupe mélange drones éparses, couches légèrement noisy, mélodies hantées et ragas, avec parfois quelques touches supplémentaires de percussions. Un extrait, avec Black River Apples.

Et pour ceux qui souhaiteraient découvrir le groupe, direction Hea, un CDR paru l'an dernier sur Arbitrary Signs... qui me semble toujours être à ce jour leur disque le plus abouti, tant pour ses impeccables évolutions que pour sa solide partie de guitare acoustique.

Prochain rendez-vous avec les tops de fin d'année ! D'ici là, vous pouvez aller jeter un oeil sur ceux de mes camarades de mille-feuille.fr... avec beaucoup de chouettes recommandations.

Saturday, December 16, 2006

The Legendary Stardust Cowboy

Vous rêviez d'un disque où ça baragouine, où ça braille, où ça pousse des whooohoo hystériques. Si, si, vous en rêviez. Eh bien, le label japonais EM Records l'a fait en consacrant une compilation au Legendary Stardust Cowboy (Norman Carl Odam à la ville, aussi surnommé The Ledge).
Ou comment plonger dans l'univers de cet outsider du psychobilly, adepte du rock n' roll bancal et déjanté, mais aussi aventurier du bugle, en 25 titres (avec pas mal de photos, les paroles... liner notes japonaises en revanche).
Deux vidéos (sa première apparition TV en 1968, et une performance beaucoup plus récente: 11 novembre 2006):





Tuesday, December 12, 2006

Retour d'ATP

Un peu la flemme de faire un "vrai" compte-rendu du festival, écrit relativement correctement, alors je fais un copier/coller d'un mail que j'ai posté tout à l'heure sur une mailing-list.

Vendredi:
Nurse with Wound (@@@): sur le papier, c'était sans doute l'un des sets les plus attendus du we (avec David Tibet sur scène, principalement au début du concert)... ça a été un peu long à démarrer mais une fois lancé, pas mal de très beaux moments: tout l'univers de NWW, les composantes surréalistes & dark y étaient, j'ai beaucoup aimé les phases avec les espèces de beats difformes qui émergeaient de la masse. Grande profondeur dans les phases les plus obscures (par exemple à ce moment où l'un de mes voisins m'a fait remarquer que des mégots vibraient tout seuls dans un cendrier pas loin de nous, ça partait bien...). On a vraiment vu pire pour démarrer un festival.

Richard Youngs (@@@): choix assez osé pour ce set, où il alternait des morceaux au shakuhachi (une flûte en bambou) et de longs titres a cappella, très répétitifs (du genre "life on a beam"). Plus difficile d'accès que sur disque, à mon avis.

Taurpis Tula (@@@@): le duo murray/keenan a été rejoint il y a quelques temps déjà par le turbulent alex neilson derrière les fûts... une vraie tornade: keenan souvent à l'archet sur sa gratte (+ un passage bien free au sax), heather se déchaînait sur sa pedalsteel (et avec une voix qui a gardé ce côté charalambides... en très intense), ça a été un torrent noisy avec de sacrées montées.

Islaja (@@): pas trop fan de ce groupe à la base, mais leur set était assez inattendu... plutôt groovy par rapport aux disques. Dommage pour les pbs récurrents au niveau du son.

Bardo Pond (@@@+): c'était du lourd, grosses guitares, batterie en béton, avec une Isobel à fond et un Clint Takeda des grands jours... les petits bouts de moog lâchés dans l'arène étaient beaux. Belle setlist aussi (destroying angel, isle, every man, tommy gun angel... des classiques et aussi de nouvelles choses).

Fursaxa (@@@+): je n'étais plus tellement apte physiquement pour gérer Dead C, donc direction Fursaxa pour un set souvent inspiré de son Myriad of Satyrids (au passage, c'est un excellent CDR, un de ses meilleurs trucs à mon avis): Tara était entourée de deux acolytes (j'ai eu l'impression que c'était Black Forest/Black Sea... au moins la violoncelliste, mais pas très sûr pour l'autre), pour un ensemble de boucles de voix, drones légers, un peu de cordes par ci, de tambourin par là. On retrouve bien son style singulier (champêtro-médiévalo-sacré) et c'était vraiment idéal en fin de soirée. Pour info, son prochain disque devrait arriver sur ATP, vers février.

Samedi:
The New Blockaders & The Haters (@@@@): je crois que l'on peut employer les termes de nihilisme musical / terrorisme sonique pour cette formation à cagoules, grosse influence sur le noise des 25 dernières années. J'ai adoré leur aspect imprévisible dans les formes et dans ces sons à base de pftttttrrr, grrrr, SHHHHHHHH, BLAM etc.

Wooden Wand (@): autant je suis plutôt un aficionado de WWVV, autant je n'aime pas trop les disques de WW. Ca s'est confirmé sur scène, avec un set qui m'a semblé très linéaire sur la durée... et avec beaucoup trop de redondances à l'intérieur de chaque titre. La voix me paraît toujours aussi pesante sur la longueur. C'est finalement assez frustrant, parce qu'il y avait pas mal de musiciens "WW-related" sur place ce week-end (Pete Nolan, par exemple), et sans doute de quoi faire quelque chose de plus intéressant.

Sun City Girls (@@@): un set que j'attendais beaucoup puisque ces trois là sont plutôt rares dans nos contrées. Il y avait le côté free/cartoonesque (quasiment un petit goût de Masada) et des morceaux qui remuaient bien (avec le bon vieux "Soi Cowboy" qui réveille).

Corsano/Flaherty/Yeh (@@@@): comme souvent sur les disques avec Paul Flaherty et Chris Corsano, c'est du free-jazz magique... ils étaient ici rejoint par C. Spencer Yeh (Burning Star Core) qui a balancé de grands moments de violon et de secouages de gorge (admirez le terme technique, hein). Bouillant.

Peter Brötzmann / Han Bennink (@@@@): sur la lancée du précédent set, ce duo de légende... l'imperturbable Brötzmann face au fantasque Bennink (qui utilise toujours autant ses pompes ou le sol pour jouer). Impressionant de fluidité, d'enthousiasme. Et une super ambiance dans cette salle 2 pendant cette période.

MV/EE & The Bummer Road (@@@+): sans doute l'un des concerts qui m'a le plus surpris pendant le week-end... finalement très éloigné des disques. Matt Valentine et Erika Elder ont étoffé leur groupe à géométrie variable (de mémoire, je dirais sept sur scène... dont Moses Jiggs, Samara Lubelski...). La première partie se rapprochait pas mal des phases de recherche que l'on peut croiser chez NNCK ou Sunburned, avec de légers grooves paisibles emmenés par la basse. Et puis il y a eu ces 30 minutes finales, où Chris Corsano est arrivé: beaucoup beaucoup plus dynamique évidemment, ouragan de son... ça bougeait vraiment bien.

Magik Markers (@@@): expérience assez décalée sur ce site, c'est qu'entre deux concerts, on peut traverser ce dome gigantesque, où une file de 3000 personnes serpente entre des machines à sous, bowling, murs d'escalade, burger king, manège, trampoline... en attendant d'aller voir Sonic Youth. C'est une vision assez spéciale. De mon côté, direction Magik Markers: de bonnes séquences de mises en place avec la guitare d'Elisa (les petits drones/larsens, les légères déflagrations) et ça devient vraiment entraînant au fur et à mesure que Pete Nolan entre dans les morceaux, avec un jeu de batterie très clair, qui évolue pas mal.

Dimanche:
Aaron Dilloway (@@@+): si le set n'avait pas été aussi court, ça aurait été @@@@: beaucoup de matière, de nuances intéressantes, tout en laissant de l'espace, de l'amplitude au son (ses explorations dans le secteur vocal sont vraiment pertinentes). Et il y avait ces superbes tourbillons d'infrabasses sur la fin... un rapport très physique à la musique.

The Skaters (@@@): comme d'habitude recroquevillés au sol, les skaters ont distillé leur courant noisy-lofi à base de voix. C'était plutôt "propre" par rapport à certains de leurs disques vraiment parasités... avec une sensation d'être bercé, très agréable.

Wolf Eyes (@@@): un set plutôt varié finalement, avec des périodes bien bourrin et quelques accalmies... le final était assez dément (j'étais assis à ce moment là et j'ai vraiment eu la sensation que ma chaise reculait).

Alexander Tucker (@@@@): il y a déjà de très belles choses sur ses albums (à la base, c'est une sorte de folk avec instrumentation plutôt vaste), sa prestation était sublime. Beaucoup de boucles guitare/voix, des intros souvent très denses, puis les mélodies qui émergent... Il se dégageait vraiment quelque chose en plus par rapport aux versions studio. Ce passage avec l'espèce de grognement des cavernes, c'était wahoo. Et j'ai même retrouvé certains aspects du "Remeindre" de Ginnungagap (un projet de Stephen O'Malley où il apparaît). Au passage, je pense que beaucoup de gens ici devraient tenter son disque "Old Fog"... les amateurs de folk devraient apprécier (le nouvel album, "Furrowed Brow", est OK).

Six Organs of Admittance (@@@): malgré la balance pas terrible (basse assez surdimensionnée), la qualité du contenu faisait largement passer la pilule. Pas mal de titres des deux derniers disques et un bon line-up (je crois qu'il s'agissait de J.Moloney de Sunburned et K.Wood des Hush Arbors). La dernière partie avec Richard Bishop en guest était bien chouette (sur le coup, ça m'a semblé normal cette "surprise"... et je réalise seulement avec le recul).

NNCK (@@@@): bon là, je pense qu'il y aura bientôt des vidéos qui raconteront mieux que moi... concernant le bordel sur scène, le NNCK était en très grande forme, mais musicalement, c'est allé bien au delà de mes attentes... des supers grooves, la grande classe.

Sunburned Hand of the Man (@@@): ici, c'est un peu "l'inverse": il est clair qu'en terme d'anarchie scénique, c'était quelque chose d'assez fou (ingérable à raconter, désolé...); musicalement, j'attendais un peu plus d'eux... même s'il y a eu de bons passages, en particulier quand chacun "jouait à son poste": notamment lorsque moloney était en face à face avec corsano (ah oui, il était encore là), c'était du bon.

Bon voilà, vivement les photos/vidéos/sons... il y aura de belles choses à récupérer. Je craignais d'être un peu frustré par le fait de rater vingt autres groupes que j'adorerais voir, mais en fait, on est tellement comblés par ce qu'on voit que ça passe comme une lettre à la poste.

Sunday, December 03, 2006

The Sleeping Moustache

Sur le papier, cela ressemble à une dream team du genre: Sigtryggur Berg Sigmarsson (Stilluppsteypa), M.S. Waldron (irr.app.(ext.)) et son complice R.K. Faulhaber, Jim Haynes (entre autres, partenaire de Loren Chasse au sein de Coelacanth), tous réunis sur le label Helen Scarsdale Agency... et ici encadrés par l'un de leurs pères spirituels, Steven Stapleton (Nurse with Wound).
On tient inévitablement là un album très imprégné de la musique de
NWW (et par extension, par les propres influences de Stapleton) ou, pour prendre des références plus contemporaines, un disque assez proche des univers de Volcano the Bear, Organum, ou encore du Ozeanische Gefühle que Matt Waldron avait livré en 2004.
Atmosphère nocturne avec grondements caverneux, sons du verre, de la ventilation, drones inquiétants, boucles de cordes et collages surréalistes... sont au programme de cette réunion qui se hisse juste au niveau de la simple somme de ses cinq acteurs: pas plus, mais c'est déjà pas mal.
Un titre en écoute: A Little Act of Familiar Daily Routine.

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