En vrac

Dans des styles bien distincts, trois disques, parfois un peu inégaux, mais qui comptent leur lot de bons moments.

Attaquons avec Live Before and After 2004-2006, double album live signé Overhang Party, une formation emmenée par l'une des grandes figures de la scène improv et psych-rock japonaise, Rinji Fukuoka (collaborateur de Jutoku Kaneko (Kousokuya), Chie Mukai, Masayoshi Urabe et de bien d'autres encore...).
Si le groupe partage certains points communs avec Up-Tight, tant dans ses penchants psychédéliques que pour ses tendances à la mélancolie (en particulier sur le second disque, souvent plus posé), Overhang Party affirme cependant un caractère plus frontalement rock et une certaine recherche de l'efficacité directe: sans doute la conséquence des envolées guitaristiques décomplexées (sans sombrer dans l'indigestion) et du dynamisme de la basse (pilotée par l'impeccable Sachiko, qui a d'ailleurs récemment sorti son premier disque solo).

• Un morceau en écoute: Pyramid.
• D'autres extraits sur le site de There.
• Le site du groupe.
  

Après la récente sortie du nouvel album solo de Kathleen Baird (aussi connue sous l'alias Travelling Bell), le label Secret Eye enchaîne en accueillant son groupe, Spires that in the Sunset Rise, pour la seconde fois en deux ans.
Ce quartet chicagoan, exclusivement féminin, conjugue de façon pertinente des accents morriconiens à des ambiances de châteaux hantés: sur la base d'une riche instrumentation (guitares, banjo, harmonium, spike fiddle, cithare, percussions multiples, violoncelle, autoharp...) et de quelques lontaines influences orientales et africaines, le groupe distille plusieurs bons titres de folk bancal... avec instruments cabossés et comme une étrange sensation de sons rembobinés.

• Plusieurs titres sont en écoute sur MySpace (Spike Fiddle Song, en particulier).
• D'autres morceaux sont disponibles chez Secret Eye.
• Le site du groupe.
  

Un détour enfin par Jagjaguwar, où les Skygreen Leopards (l'un des nombreux projets de Glenn Donaldson & Donovan Quinn, deux des fondateurs du collectif Jewelled Antler) ont dernièrement livré Disciples of California: un album qui lorgne de plus en plus vers les schémas pop tout en restant attaché au folk californien des 60s... avec une superbe guitare et des lignes de basse sautillantes. Si la voix alourdit quelque peu une petite poignée de morceaux, il reste néanmoins bon nombre d'excellents titres. Egyptian Circus, par exemple.

• Le site de Jagjaguwar.
  

2*(2+1) = EKG/Ielasi + Nmperign/Lescalleet

Quand des duos font appel à un troisième homme...

On débute du côté de chez Formed, avec Group, la collaboration entre le duo EKG (Kyle Bruckmann et Ernst Karel) et Giuseppe Ielasi, dont l'année 2006 aura d'ailleurs été plutôt chargée (lire ici).
Il suffit de se remémorer leurs derniers opus respectifs (sur Sedimental pour le duo chicagoan, chez Häpna pour le quasi-milanais) pour se faire une bonne petite idée de cette rencontre: pureté d'une instrumentation variée (guitare, piano, hautbois, électronique, cuivres...), lignes esthétiques racées et une certaine contemplation pour les décors ascétiques.
A ce sujet, mention spéciale à la pochette, parfaitement en phase avec la musique (il s'agit d'une oeuvre d'Helen Mirra; quelques détails ici, là, et encore là, et là aussi et même là). Un extrait.

Dans un tout autre registre, Intransitive a dernièrement mis fin à une longue attente (six ans!) avec la parution de Love Me Two Times, double album signé Jason Lescalleet et Nmperign (Greg Kelley & Bhob Rainey).
Les trois hommes se connaissent bien (une première rencontre en 1999, suivie par le Forlorn Green de Kelley/Lescalleet sur Erstwhile en 2001) et ils viennent tout simplement de donner naissance à un véritable monstre: Love Me Two Times (LM2X, pour les intimes) couvre d'immenses territoires dans les secteurs de l'improv, du drone et du noise.
Ce double album fascine tant par la richesse de sa recherche sur le son que par l'audace des formes abordées: trompette, saxophone et tape loops sont les ingrédients de ces deux heures d'explorations où les textures minutieuses côtoient des explosions aussi puissantes que maîtrisées, où l'auditeur est plongé dans les lieux les plus rudes (pensez friches industrielles, abattoirs, égouts infestés de rats, TGV qui freinent... et parallèlement, des phases beaucoup plus apaisées).
Difficile de résumer à quel point ce disque atteint les hauts niveaux en matière de climats oppressants et d'états de plénitude: il s'agit d'un projet extrêmement ambitieux, dense et intense... très impressionnant. Un titre en écoute: Velvet Gloves.

Un mot enfin pour mentionner The Pilgrim, disque solo (LP+CD) signé Jason Lescalleet, en hommage à son père disparu en 2005: une expérience dont on ne ressort pas indemne (détails ici et là).

Trois liens:

• Le site de EKG.
• Le site de Greg Kelley.
• Le site de Bhob Rainey.
  

Charalambnews

En ce dimanche, un post pour vous signaler que mes camarades de mille-feuille.fr ont mis en ligne une chouette vidéo consacrée à Charalambides. Ca se passe ici.
Et côté sorties:

• Tom Carter / Inca Ore - Rainbow Trout (Wholly Other)
• Friday Group - Crystal Eunuch Reversal (Wholly Other / Twilight Flight Sound)
• Charalambides - Strangle The Wretched Heavens (Wholly Other)
• Tom Carter / Robert Horton - Steel Jaguar for Rocket (Digitalis)

Liens:

• Wholly Other
• Digitalis Industries

Jack Rose / James Blackshaw

Pour sa cuvée 2006, Jack Rose récite ses classiques avec un album, sorti il y a peu sur le label aRCHIVE, très orienté vers le blues oldschool.
Comme il pouvait le faire chez Pelt, on relève encore quelques envies de relier les influences du son oriental et celui du Delta Blues (en particulier sur le long morceau Spirits in the House, pièce maîtresse du disque), sans oublier un petit passage sur les standards du genre (Dark Was the Night, en clôture), et globalement on reste dans les territoires explorés lors de ses précédents opus. A noter par ailleurs que deux titres ont été enregistré par Mike Gibbons au studio Lemur House, ce qui ne fait que réveiller l'un de mes vieux fantasmes: une collaboration Bardo Pond & Jack Rose (si, si, ça arrivera un jour, on y croit).

Un extrait: Miss Mary's Place.

James Blackshaw connaît quant à lui une nouvelle année bien remplie: apparitions sur des compilations, sortie d'un album chez Important (le recommandable O True Believers, détails par ici), rééditions en préparation et enregistrement d'un album pour Tompkins Square à paraître en 2007... et, tout récemment, la parution d'un disque live: Waking into Sleep, sur Kning Disk.
Le label suédois n'en est pas à son coup d'essai en matière de guitaristes acoustiques (Harris Newman et Steffen Basho-Junghans sont déjà passés par là...) et cet enregistrement se pose en très bonne introduction potentielle au jeu aéré et lumineux de James Blackshaw, en proposant quelques-unes de ses meilleures réalisations (Sunshrine, Celeste, Transient Life in Twilight et Spiralling Skeleton Memorial).

Des extraits, ici.

Et deux liens, pour finir:

• Le site de Jack Rose.
• Et celui de James Blackshaw.
  

Nos amis les anglais

Aujourd'hui, un détour outre-manche pour se pencher sur les sorties de trois labels: Cathnor, Quincunx et Confront.

Chaque dimanche sur Resonance FM, l'émission Audition (The Sound 323 radio programme) est un rendez-vous incontournable pour les amoureux des musiques expérimentales et improvisées. Pertinents dans leurs choix de playlists, ses deux animateurs ont récemment lancé leurs labels: Cathnor pour Richard Pinnell, Quincunx Sound Recordings pour Alastair Wilson... qui inaugurent leurs catalogues respectifs avec brio.

On débute avec les deux premières références de Cathnor (mention spéciale au packaging soigné), tout d'abord avec Archi.Texture Vol 1, où Hervé Boghossian se livre à des assemblages entre le piano de John Tilbury et le violoncelle de Mark Wastell: un dialogue entre des résonances austères, volumineuses et un drone qui fait figure de lueur scintillante. Deux volumes de ce projet devraient suivre.
Dans un esprit beaucoup moins impulsif que sur Spear (qu'il avait sorti sur son propre label, Antboy), Will Guthrie nous revient ici avec Body and Limbs Still Look to Light. L'australien expatrié à Nantes semble y manipuler les objets trouvés et les interférences radio... avec de très grands moments (voir les extraits un peu plus bas).

Chez Quincunx, le catalogue s'ouvre en compagnie de Kai Fagaschinski et Christof Kurzmann réunis sous le patronyme Kommando Raumschiff Zitrone (dont le nom provient d'un cinéma berlinois qui, récemment encore, accueillait quelques concerts).
Ce First Time Ever I Saw Your Face permet de renouer avec plusieurs composantes déjà rencontrées dans certains de leurs projets: la cohabitation entre lloopp et la clarinette évoque Los Glissandinos (le duo Kai Fagaschinski et Klaus Filip), tandis que l'attachement à la voix et les traces de pop rappellent certaines explorations entreprises par Schnee (le duo Christof Kurzmann et Burkhard Stangl). Les battements, les crépitements, les soupirs, les silences coexistent avec des phases plus mélodieuses, au sein de cet album très encourageant pour le futur Musik - Ein Portrait in Sehnsucht (du duo Kai Fagaschinski et Burkhard Stangl, à paraître sur Erstwhile, probablement en 2007).

Un mot enfin sur deux concerts enregistrés lors du i-and-e festival 2006 (Dublin) et publiés par Confront dans la Confront Performance Series: le trio David Lacey / Paul Vogel / Mark Wastell livre un set superbe, à base de clarinette et de cymbale qui semblent se prolonger et se compléter à l'infini. Quant au duo entre Mark Wastell et Keith Rowe, il part en quête de souffles, de granulations, de collisions, de vibrations et de textures travaillées par l'électronique et la guitare... et c'est plutôt pas mal dans son genre.

Une sélection d'extraits de ces cinq disques: ici.

Quelques liens, en commençant par Audition:

• A écouter en direct via le stream de Resonance FM.
• Le site de l'émission et ses nombreuses archives.
• Playlists et news: ici.
• Le site de Sound 323.

Les sites des labels:

• Cathnor
• Quincunx Sound Recordings
• Confront
  

Daniel Menche - Creatures of Cadence

Si son nom évoque souvent l'idée de prestations scéniques agitées et une tendance au harshnoise ultra-physique, Daniel Menche possède en réalité plus d'une corde à son arc: il le rappelle sur Creatures of Cadence, album sorti conjointement par les labels Crouton et Longbox.
Dans un climat que l'on serait tenté de qualifier d'apaisé, il déploit un ensemble de drones, de pulsations, autour d'une instrumentation à base de violoncelle, de cithare et d'une bonne dose de percussions comme le montre le titre de clôture... dans une optique plutôt tribale: un extrait, ici.

• Le site de Daniel Menche.
• Son blog: What does blood sound like ?
• Quelques vidéos.
• Et une photo prise lors du No Fun Fest 06 (signée Pierre Richardson).
  

Maggoted & Tetsuya Umeda

Non, le Castle Anthrax ne s'est pas transformé en lieu d'accueil pour une expo Ad Reinhardt, il s'agit bien de deux disques dont les pochettes vivent des passages difficiles au scanner. Seul point commun, car musicalement ces deux albums opèrent dans des registres bien différents.

A ma gauche, un CD-R en provenance de chez Jyrk, signé Maggoted (Pete Swanson des Yellow Swans & Robert Mayson des Grey Daturas), qui rappelle au bon souvenir des évolutions de Yamashirube ou à l'aspect parasité des Skaters: une sorte de sonar lointain, de grondement souterrain qui mute en courants particulièrement intenses, dans une atmosphère dark et légèrement noisy. Assez puissant dans son genre (des extraits sont disponibles chez aQ).

A ma droite, en provenance d'Osaka, Tetsuya Umeda livre un Ocket où les montages à base de ventilateurs ou de haut-parleurs rencontrent des manipulations de métaux et de verre (qui évoquent parfois certains field-recordings du Scenery of Decalcomania de Toshiya Tsunoda)... lorsque le japonais n'est pas occupé au petit jeu de l'arroseur arrosé (sur Electricphant: "This is a recording of a photo-shoot, photographer Noet takes pictures of my performance. Primary source is feedback from a wireless mic and FM radio waves. The shutter of Noet's camera is also heard along with him dropping a film case").

Un titre en écoute, Across a Bridge ("The elevated "BRIDGE" space is situated in a depopulated / rundown amusement park. The entire space vibrates greatly when the roller-coaster occasionally passes by. 2 tubes made from cans containing a spring. One was rolled, and the other one is beaten with a customised rubber mallet").

Le site de Tetsuya Umeda regroupe enregistrements, images et QTVR d'installations (il suffit malheureusement que l'on en parle pour que le site soit down... espérons qu'il ne s'agisse que de perturbations temporaires). Néanmoins, plusieurs vidéos de sa récente prestation à l'Instal Festival (Glasgow) sont disponibles sur YouTube:







Et pour les photos, c'est par là.