Sunday, July 30, 2006

Harris Newman - Dark was the Night

Toujours axé sur un fingerpicking takomesque, Harris Newman nous gratifie d’une apparition sur le label suédois Kning Disk par l'intermédiaire d'un album live, intitulé Dark was the Night et enregistré à Göteborg en février dernier (on imagine que Cold was the Ground est donc implicite...).
L’enregistrement s’appuie sur un florilège de pistes tirées de ses deux premiers disques solo – plus particulièrement en provenance de l’excellent Accidents with Nature and Each Other (plus de détails ici) – mais contient aussi quelques nouveaux morceaux que l’on pourrait bien retrouver sur le prochain album du canadien (Decorated, à paraître sur Strange Attractors le 14 novembre).
De nombreux extraits de Dark was the Night sont à écouter par ici.
  • Le site de Harris Newman.
  • Le site de Triple Burner, collaboration entre Harris Newman et Bruce Cawdron, qui l’accompagnait déjà sur ses deux premiers albums. Naturellement basé sur la dualité guitare/percussions, leur disque contient quelques titres qui valent le détour...

Saturday, July 29, 2006

Can - Delay 1968 (Remastered)

Petite échappée du Castle Anthrax aujourd’hui, en direction de la région de Cologne et d’un autre château: le Schloss Nörvenich, paisible demeure où siégeait une étrange tribu de fumeurs d’haiku cigarettes...
En 1968, un quintet atypique l’investissait pour y enregistrer ses premières sessions et y donner ses premiers concerts. Des trentenaires chevronnés (Jaki Liebezeit venait du free-jazz, Irmin Schmidt et Holger Czukay étaient élèves de Karlheinz Stockhausen), un guitariste de vingt ans, touché par la grâce (Michael Karoli), et un sculpteur américain rencontré à Paris (Malcolm Mooney) qui allait endosser le rôle de chanteur... un peu plus tard remplacé par Damo Suzuki, un japonais rencontré par hasard dans les rues de Munich: en somme, le line-up de Can pourrait être vu comme la rencontre entre des novices instinctifs et des brutes techniques capables d’adapter leurs styles, la réunion de musiciens imprégnés de musique concrète, du rock du Velvet, de la pop des Beatles, d’électronique, de reggae, de jazz et de musiques ethniques... autant d’influences qui allaient résonner au fil de leur parcours.
Et si Can garde l’image d’un grand jam band (ou plus exactement, qui savait tirer la quintessence de jams dépassant la dizaine d’heures...), ce fut aussi un superbe groupe de rock’n roll.
Sorti seulement au début des années 80 et désormais disponible en édition remasterisée (tout comme le reste des autres albums), Delay documente les premiers enregistrements de Can (1968/1969). S’il n’a pas l’homogénéité d’un Tago-Mago et si d’une certaine façon il rappelle quelque peu Soundtracks (c'est-à-dire, un bon disque avec des moments d’exception), Delay préfigure avant tout ce que sera Monster Movie, le premier album officiel de la formation: du rock où l’on distingue d’ores et déjà un sens naturel du rythme, l’élégance innée de Michael Karoli et où l’on perçoit toute l’originalité du groupe... ainsi qu’un Malcolm Mooney littéralement habité.
Un morceau en écoute, le titre d’ouverture: Butterfly.

Wednesday, July 26, 2006

Six Organs of Admittance, Om & Grouper

Toujours aussi prolifique, Six Organs of Admittance poursuit sa route sans réel faux pas. Cette nouvelle escale du côté de chez Drag City – baptisée The Sun Awakens et dont on peut entendre un titre ici offre un condensé de ses multiples visages, peut-être avec un penchant plus marqué pour Dark Noontide.
Si les mots tendent à se raréfier et si la production sur la voix évoque parfois la fébrilité d'un Richard Youngs, c'est surtout soutenu par des rythmiques percutantes ou simplement allongé sur un lit de drones que Ben Chasny récite ses gammes, dans une série de folksongs déclinées en acoustique comme en électrique... et en famille.
Car outre Noel Van Harmonson (l'un de ses partenaires de Comets on Fire) et Tim Green (le guitariste de The Fucking Champs, qui était aussi le producteur de Blue Cathedral), c'est toute une cascade d'invités que l'on retrouve sur le marathon final (River of Transfiguration, escapade dronesque flirtant avec la barre des 24 minutes): Stephanie Volkmar, Pete Swanson (Yellow Swans, Badgerlore), Ethan Miller (Comets on Fire), Liz Harris (Grouper) et Al Cisneros (Om).
C'est justement l'occasion d'évoquer deux de ces invités, en commençant par Om, dont le second album a été édité il y a quelques mois par Holy Mountain... là même où Chasny avait sorti bon nombre de ses disques. L'ancienne section rythmique de Sleep (Chris Hakius à la batterie et Al Cisneros à la basse et au chant) signe donc son retour avec Conference of the Birds, toujours dans un registre stoner monotone, austère et mystique (plus de détails dans cette chronique).
Dans un autre registre, Grouper – le projet solo de Liz Harris pourrait symboliser la rencontre entre la voix fantomatique de Tara Burke (Fursaxa) et les boucles de Marcia Bassett lorsqu'elle opère sous son alias Zaimph.
Son récent EP, intitulé
He Knows (Jyrk), constitue une bonne porte d'entrée dans son univers envoûtant. Des extraits de cet EP à télécharger ici (avec, au passage, un aperçu du At Giza de Om).
D'autres titres en écoute:
extraits de
Way Their Crept (son album de 2005 paru sur Free Porcupine Society) ainsi que des morceaux de son prochain album (Wide, toujours sur le label FPS) sur sa page MySpace... et, pour la route, trente secondes de vidéo.
A signaler par ailleurs, les récentes arrivées de trois splits impliquant Om et 6OoA... plutôt destinés aux fans les plus inconditionnels. Le label Roaratorio a ainsi confié une piste à Chris Corsano et Ben Chasny (les deux hommes sont régulièrement ensemble en live, notamment en compagnie de Keith Wood de Hush Arbors...) dans une veine plus expérimentale et saccadée que ce qu'ils avaient laissé entrevoir sur School of the Flower, et une seconde piste à Paul Metzger dans un genre plus imprégné du raga indien et du toucher de Robbie Basho. Des extraits sont disponibles sur le site du label.
Quant aux apparitions de Om (un split avec 6OoA sur Holy Mountain, l'autre avec Current 93 sur Neurot), elles se posent quasiment en relectures des titres de Conference of the Birds... un brin plus rageur, mais aussi avec moins de tension.


Friday, July 14, 2006

Mammal, Wolf Eyes & Anthony Braxton, Mouthus

Un peu de bruit aujourd’hui avec trois albums qui, s’ils peuvent être réunis sous l’étiquette noise, évoluent néanmoins sur des territoires bien distincts.
On débute avec Let Me Die de Mammal, un disque sur lequel Gary Beauvais part en quête de beats parasités. Le fait qu’il soit basé à Detroit n’est peut-être qu’une coïncidence mais toujours est-il que ces pistes évoquent une forme de techno léthargique et austère, où les platines auraient été remplacées par un couple marteau-piqueur/imprimante à aiguilles (et le résultat est beaucoup plus fin que l’on ne pourrait le croire…).

Dans un domaine tout autre, la rencontre entre Anthony Braxton et Wolf Eyes avait sans doute constitué l’un des temps forts du FIMAV 2005. Et il aura finalement fallu attendre une année pour la voir enfin immortalisée sur disque.

Par rapport au bootleg qui avait circulé dans les jours suivants le concert, la différence de qualité de son est telle que l’on serait tenté de parler de métamorphose pour cet enregistrement. Equilibré et loin de sombrer dans la surenchère cacophonique, Black Vomit se déroule au contraire dans de vastes espaces où le sax de Braxton survole un magma tantôt stagnant, tantôt bouillonnant.

Autre album, autre démarche, celle de Mouthus, duo new-yorkais qui s’est déjà forgé une solide réputation suite à ses passages chez Ecstatic Peace, Psych-O-Path et Troubleman Unlimited. Pour leur entrée sur Important Records avec The Long Salt, Nate Nelson et Brian Sullivan (évènement assez inattendu, Samara Lubelski est invitée sur le disque…) incarnent une véritable mâchoire résolue à broyer des sources sonores diverses et variées. De l’aspect très percussif de leurs morceaux, il résulte une atmosphère industrielle, mécanique. Une ambiance particulièrement prenante.

Une sélection d'extraits de ces trois albums: ici.
Les sites des labels:

Sunday, July 09, 2006

Birchville Cat Motel - Our Love Will Destroy the World

Plutôt réputé pour ses innombrables drones et son attirance pour les sphères doom (cf. Black Boned Angel), Campbell Kneale s'est aussi parfois attaqué, au gré de sa longue et abondante carrière, à des zones plus frontalement rock. En témoigne cet Our Love Will Destroy the World, que l'on serait tenté de considérer comme une "semi-réédition" dans la mesure où l'on retrouve Screamformelongbeach (un 3" édité par Pseudo Arcana en 2003)... agrémenté de quelques bonus.
Du rock rentre-dedans, avec toujours quelques ingrédients typiques du néo-zélandais (textures abrasives, rythmiques appuyées...), telle est la recette de la pièce maîtresse du disque: 55,000 Flowers for the Hero, sorte de Hallogallo en version légèrement accélérée... et bien plus bourrin.
Dans des styles différents, les pistes bonus sont loin de faire de la figuration: plaisante accalmie (l'intermède Lay Thy Hatred Down), inquiétante descente aux enfers (Double Cascade Mini Fantasy) et une piste de clôture pleine de volume... Il était grand temps que ces diverses facettes de Birchville Cat Motel soient un peu plus exposées.
Trois extraits:

Et deux liens:

Saturday, July 08, 2006

Wooden Wand and the Vanishing Voice - Gipsy Freedom

Sans doute rangés un peu trop vite au rayon free-folk, James Toth et sa bande sont finalement apparus sous de multiples visages au fil de leur vaste discographie, laissant entrevoir des affinités pour le blues, pour le rock, parfois pour des couches plus denses et plus noisy, mais aussi pour un jazz assez imprégné du son ESP-Disk.
Une composante que l'on retrouve ça et là sur Gipsy Freedom, en particulier grâce aux incursions du saxophoniste Daniel Carter. A noter au passage, la présence d'un autre invité, celle de l'inépuisable Pete Nolan (Magik Markers, Spectre Folk, GHQ...).
Outre ces escapades cuivrées et quelques titres qui évoquent parfois le Jackie-O Motherfucker de la période Wow/The Magick Fire Music, l'album ose aussi les longs périples sur fond de duo basse/batterie décontracté et quelques intermèdes pop plutôt réussis. Quelques morceaux choisis: Didn't it Rain, Hey Pig He Stole my Sound et Dead End Days with Caesar.

Wednesday, July 05, 2006

Yamashirube - Yuki-Onna Ni Ai Ni I Ku

Après un premier épisode aux allures de magma noisy (Psychedelic Sounds of Yamashirube), Hide Uchida livre ici un album aux vues plus diversifiées: on y croise par exemple les ébauches d'un blues désertique à la Tom Carter, mais aussi des fresques épurées, répétitives, basées sur d'inquiétants beats monotones et éraflés.

S'ils sont régulièrement emmenés par les guitares (électrique ou acoustique), les morceaux font néanmoins appel à une instrumentation hybride (mbira, bol chantant, clavier, percussions...), souvent exploitée uniquement dans la recherche d'un écho lo-fi, étrange et lointain: une de ces épopées cosmiques, à caler idéalement entre deux disques PSF.

Un extrait de Dosei De No Dokusyo.

Sunday, July 02, 2006

Sheriff Lindo & The Hammer - Ten Dubs That Shook the World

Basé à Tokyo, le label EM Records s'est spécialisé dans les rééditions de curiosités diverses et variées: virtuoses de la scie musicale, aficionados de musique concrète et d'ornithologie, albums pionniers de l'électronique et autres trésors disparus (Moolah, Roland P. Young...).
Derrière le pseudonyme de Sheriff Lindo se cache Anthony Maher qui, à l'instar de ses partenaires du Loop Orchestra, nourrit une véritable passion pour le dub. Entre 1981 et 1988, l'australien enregistre une série de titres aussi largement influencés par la scène UK (Mad Prof, Adrian Sherwood...) que par les légendes jamaïcaines (King Tubby, Lee Perry, Scientist...).
Initialement pressé à 250 copies, ce LP avec son titre clin d'oeil à Eisentein (!), est aujourd'hui réédité: du dub avec des effets dans tous les sens et une basse redoutable.
Deux extraits en écoute chez aQ: Dub House of Horrors et Grossly Overweight Dub.