Tuesday, December 12, 2006

Retour d'ATP

Un peu la flemme de faire un "vrai" compte-rendu du festival, écrit relativement correctement, alors je fais un copier/coller d'un mail que j'ai posté tout à l'heure sur une mailing-list.

Vendredi:
Nurse with Wound (@@@): sur le papier, c'était sans doute l'un des sets les plus attendus du we (avec David Tibet sur scène, principalement au début du concert)... ça a été un peu long à démarrer mais une fois lancé, pas mal de très beaux moments: tout l'univers de NWW, les composantes surréalistes & dark y étaient, j'ai beaucoup aimé les phases avec les espèces de beats difformes qui émergeaient de la masse. Grande profondeur dans les phases les plus obscures (par exemple à ce moment où l'un de mes voisins m'a fait remarquer que des mégots vibraient tout seuls dans un cendrier pas loin de nous, ça partait bien...). On a vraiment vu pire pour démarrer un festival.

Richard Youngs (@@@): choix assez osé pour ce set, où il alternait des morceaux au shakuhachi (une flûte en bambou) et de longs titres a cappella, très répétitifs (du genre "life on a beam"). Plus difficile d'accès que sur disque, à mon avis.

Taurpis Tula (@@@@): le duo murray/keenan a été rejoint il y a quelques temps déjà par le turbulent alex neilson derrière les fûts... une vraie tornade: keenan souvent à l'archet sur sa gratte (+ un passage bien free au sax), heather se déchaînait sur sa pedalsteel (et avec une voix qui a gardé ce côté charalambides... en très intense), ça a été un torrent noisy avec de sacrées montées.

Islaja (@@): pas trop fan de ce groupe à la base, mais leur set était assez inattendu... plutôt groovy par rapport aux disques. Dommage pour les pbs récurrents au niveau du son.

Bardo Pond (@@@+): c'était du lourd, grosses guitares, batterie en béton, avec une Isobel à fond et un Clint Takeda des grands jours... les petits bouts de moog lâchés dans l'arène étaient beaux. Belle setlist aussi (destroying angel, isle, every man, tommy gun angel... des classiques et aussi de nouvelles choses).

Fursaxa (@@@+): je n'étais plus tellement apte physiquement pour gérer Dead C, donc direction Fursaxa pour un set souvent inspiré de son Myriad of Satyrids (au passage, c'est un excellent CDR, un de ses meilleurs trucs à mon avis): Tara était entourée de deux acolytes (j'ai eu l'impression que c'était Black Forest/Black Sea... au moins la violoncelliste, mais pas très sûr pour l'autre), pour un ensemble de boucles de voix, drones légers, un peu de cordes par ci, de tambourin par là. On retrouve bien son style singulier (champêtro-médiévalo-sacré) et c'était vraiment idéal en fin de soirée. Pour info, son prochain disque devrait arriver sur ATP, vers février.

Samedi:
The New Blockaders & The Haters (@@@@): je crois que l'on peut employer les termes de nihilisme musical / terrorisme sonique pour cette formation à cagoules, grosse influence sur le noise des 25 dernières années. J'ai adoré leur aspect imprévisible dans les formes et dans ces sons à base de pftttttrrr, grrrr, SHHHHHHHH, BLAM etc.

Wooden Wand (@): autant je suis plutôt un aficionado de WWVV, autant je n'aime pas trop les disques de WW. Ca s'est confirmé sur scène, avec un set qui m'a semblé très linéaire sur la durée... et avec beaucoup trop de redondances à l'intérieur de chaque titre. La voix me paraît toujours aussi pesante sur la longueur. C'est finalement assez frustrant, parce qu'il y avait pas mal de musiciens "WW-related" sur place ce week-end (Pete Nolan, par exemple), et sans doute de quoi faire quelque chose de plus intéressant.

Sun City Girls (@@@): un set que j'attendais beaucoup puisque ces trois là sont plutôt rares dans nos contrées. Il y avait le côté free/cartoonesque (quasiment un petit goût de Masada) et des morceaux qui remuaient bien (avec le bon vieux "Soi Cowboy" qui réveille).

Corsano/Flaherty/Yeh (@@@@): comme souvent sur les disques avec Paul Flaherty et Chris Corsano, c'est du free-jazz magique... ils étaient ici rejoint par C. Spencer Yeh (Burning Star Core) qui a balancé de grands moments de violon et de secouages de gorge (admirez le terme technique, hein). Bouillant.

Peter Brötzmann / Han Bennink (@@@@): sur la lancée du précédent set, ce duo de légende... l'imperturbable Brötzmann face au fantasque Bennink (qui utilise toujours autant ses pompes ou le sol pour jouer). Impressionant de fluidité, d'enthousiasme. Et une super ambiance dans cette salle 2 pendant cette période.

MV/EE & The Bummer Road (@@@+): sans doute l'un des concerts qui m'a le plus surpris pendant le week-end... finalement très éloigné des disques. Matt Valentine et Erika Elder ont étoffé leur groupe à géométrie variable (de mémoire, je dirais sept sur scène... dont Moses Jiggs, Samara Lubelski...). La première partie se rapprochait pas mal des phases de recherche que l'on peut croiser chez NNCK ou Sunburned, avec de légers grooves paisibles emmenés par la basse. Et puis il y a eu ces 30 minutes finales, où Chris Corsano est arrivé: beaucoup beaucoup plus dynamique évidemment, ouragan de son... ça bougeait vraiment bien.

Magik Markers (@@@): expérience assez décalée sur ce site, c'est qu'entre deux concerts, on peut traverser ce dome gigantesque, où une file de 3000 personnes serpente entre des machines à sous, bowling, murs d'escalade, burger king, manège, trampoline... en attendant d'aller voir Sonic Youth. C'est une vision assez spéciale. De mon côté, direction Magik Markers: de bonnes séquences de mises en place avec la guitare d'Elisa (les petits drones/larsens, les légères déflagrations) et ça devient vraiment entraînant au fur et à mesure que Pete Nolan entre dans les morceaux, avec un jeu de batterie très clair, qui évolue pas mal.

Dimanche:
Aaron Dilloway (@@@+): si le set n'avait pas été aussi court, ça aurait été @@@@: beaucoup de matière, de nuances intéressantes, tout en laissant de l'espace, de l'amplitude au son (ses explorations dans le secteur vocal sont vraiment pertinentes). Et il y avait ces superbes tourbillons d'infrabasses sur la fin... un rapport très physique à la musique.

The Skaters (@@@): comme d'habitude recroquevillés au sol, les skaters ont distillé leur courant noisy-lofi à base de voix. C'était plutôt "propre" par rapport à certains de leurs disques vraiment parasités... avec une sensation d'être bercé, très agréable.

Wolf Eyes (@@@): un set plutôt varié finalement, avec des périodes bien bourrin et quelques accalmies... le final était assez dément (j'étais assis à ce moment là et j'ai vraiment eu la sensation que ma chaise reculait).

Alexander Tucker (@@@@): il y a déjà de très belles choses sur ses albums (à la base, c'est une sorte de folk avec instrumentation plutôt vaste), sa prestation était sublime. Beaucoup de boucles guitare/voix, des intros souvent très denses, puis les mélodies qui émergent... Il se dégageait vraiment quelque chose en plus par rapport aux versions studio. Ce passage avec l'espèce de grognement des cavernes, c'était wahoo. Et j'ai même retrouvé certains aspects du "Remeindre" de Ginnungagap (un projet de Stephen O'Malley où il apparaît). Au passage, je pense que beaucoup de gens ici devraient tenter son disque "Old Fog"... les amateurs de folk devraient apprécier (le nouvel album, "Furrowed Brow", est OK).

Six Organs of Admittance (@@@): malgré la balance pas terrible (basse assez surdimensionnée), la qualité du contenu faisait largement passer la pilule. Pas mal de titres des deux derniers disques et un bon line-up (je crois qu'il s'agissait de J.Moloney de Sunburned et K.Wood des Hush Arbors). La dernière partie avec Richard Bishop en guest était bien chouette (sur le coup, ça m'a semblé normal cette "surprise"... et je réalise seulement avec le recul).

NNCK (@@@@): bon là, je pense qu'il y aura bientôt des vidéos qui raconteront mieux que moi... concernant le bordel sur scène, le NNCK était en très grande forme, mais musicalement, c'est allé bien au delà de mes attentes... des supers grooves, la grande classe.

Sunburned Hand of the Man (@@@): ici, c'est un peu "l'inverse": il est clair qu'en terme d'anarchie scénique, c'était quelque chose d'assez fou (ingérable à raconter, désolé...); musicalement, j'attendais un peu plus d'eux... même s'il y a eu de bons passages, en particulier quand chacun "jouait à son poste": notamment lorsque moloney était en face à face avec corsano (ah oui, il était encore là), c'était du bon.

Bon voilà, vivement les photos/vidéos/sons... il y aura de belles choses à récupérer. Je craignais d'être un peu frustré par le fait de rater vingt autres groupes que j'adorerais voir, mais en fait, on est tellement comblés par ce qu'on voit que ça passe comme une lettre à la poste.